LEFIGARO.FR — L’émouvante surprise de John Kerry aux Parisiens
Par Emmanuel Galiero
Le secrétaire d’État américain, John Kerry, et sa délégation, ont fait l’objet de toutes les attentions vendredi à la mairie de Paris où Anne Hidalgo les a reçus à 12h50 dans le salon des Arcades, sous les couleurs des quatre drapeaux européen, français, américain et de la ville de Paris. Il s’agissait de la dernière étape de l’hommage du responsable américain à la France, une semaine après les attentats.
Le chef de la diplomatie américaine a créé la surprise en invitant le chanteur James Taylor à interpréter sur scène l’un de ses grands succès You’ve got a friend, alors qu’Anne Hidalgo lui tenait le micro. Un moment de grande émotion après une longue intervention de John Kerry durant laquelle il a notamment évoqué l’amitié entre la France et les États-Unis, rendu hommage aux victimes, fustigé les assassins et salué le courage de ceux qui ont affronté ces événements en sauvant des vies.
«Cela nous rappelle les liens historiques incontournables entre nos deux pays», a-t-il débuté en expliquant qu’il avait souhaité venir en France pour embrasser «Paris et toute la France». John Kerry était venu dire, en personne, le sentiment d’horreur et de révulsion né chez les Américains face à ces attentats perpétrés en France. Mais il a surtout insisté sur la force de la résistance, provoquée selon lui par les terroristes. «Ensemble nous persévérerons et ensemble nous vaincrons», a-t-il promis en confiant qu’il tenait son affection pour la France de sa propre mère qui fut infirmière à Montparnasse durant la guerre. Il était avec elle aussi lorsqu’elle revint pour la première fois sur les ruines de sa maison bombardée. «Ce n’est que des années plus tard que j’ai compris le prix incroyable de la paix», a poursuivi le secrétaire d’État, cousin germain de Brice Lalonde, avant de saluer la France avec force. «Votre engagement à la liberté et à la liberté d’expression est une inspiration pour le monde entier», a-t-il ajouté en observant que ceux qui ont cherché à «déchirer» les deux pays n’auront finalement réussi qu’à les «rassembler».
Puis John Kerry a rappelé les actes de bravoure de tous ceux qui ont affronté les événements tragiques de Charlie Hebdo et du supermarché de la porte de Vincennes. Il a notamment rendu hommage au jeune Lassana Bathily qui doit être naturalisé mardi 20 janvier, après avoir sauvé plusieurs personnes à l’Hyper Cacher. «Ce n’est pas une question de juif, de chrétien ou de musulman, car nous sommes tous dans le même bateau», a dit l’invité d’Anne Hidalgo en dénonçant les «lâches assassins cachés derrière des cagoules et des fusils d’assaut».
Il a conclu son message en promettant que les «héros» de ces événements ne seraient «jamais oubliés» et que l’aspiration commune de la France et des États-Unis était de «créer un monde d’amour et non de haine». Avant d’orchestrer une petite surprise en invitant James Taylor à chanter sur scène You’ve got a friend (Ton ami est là) devant un public recueilli, John Kerry a lâché: «En fin de compte, notre engagement à tous dans ce combat n’est pas un choix, c’est un mandat et c’est notre devoir.»
Dans sa brève allocution – introduite par une minute de silence -, Anne Hidalgo avait adressé auparavant un message d’amitié à son invité ainsi qu’au peuple américain. «Je suis particulièrement émue», a-t-elle confié en expliquant qu’elle avait souhaité que cette rencontre soit organisée à l’image de Paris, avec des hommes et des femmes illustrant la diversité de la ville. Elle aussi a salué les familles des victimes et rappelé que Paris avait connu des moments «exceptionnels de drames». Anne Hidalgo a également dénoncé ceux qui ont voulu atteindre la liberté d’expression et la laïcité. «On a aussi voulu porter atteinte à l’autorité de la République en s’attaquant à des policiers et à la présence des Juifs en France», a-t-elle encore souligné. «Paris est une ville amie des États-Unis», a-t-elle répété en annonçant qu’elle se rendrait à Lafayette (Louisiane) en avril.
Au-delà de la maire de Paris et de ses adjoints, les maires d’arrondissements et les présidents de groupes politiques étaient également présents pour assister à cet échange émouvant. Il y avait aussi quatre représentants du supermarché casher, le jeune sauveur Lassana Bathily, des collégiens des XXe et XIIe arrondissements de Paris ainsi que divers responsables d’associations parisiennes.