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January 16, 2015 | « back

LIBERATION.FR — Charlie’s got a friend

ANNETTE LÉVY-WILLARD

John Kerry est venu prendre dans ses bras la France en deuil, «to give a hug» en version originale, a amené son ami James Taylor, pour nous chanter «You’ve got a friend».
«When you’re down and troubled and you need a helping hand … You just call at my name and you’ll know, wherever I am, I’ll come running to see you again…. All you’ve got to do is call and I’ll be there, yes I’ll be there, you’ve got a friend.»

James Taylor en personne, avec sa voix douce nasillarde qui a fait chavirer des millions de fans s’installe avec sa guitare. L’Hôtel de Ville de Paris n’avait pas prévu de transformer la conférence de presse de John Kerry ce vendredi 16 janvier, en festival rock, donc la sono n’est pas très Woodstock. Mais en pro, Anne Hidalgo se précipite pour lui tenir un micro supplémentaire pendant toute la chanson fétiche «You’ve got a friend.»

Ce n’est plus du rattrapage pour boucher le trou très remarqué à la place qu’aurait dû occuper Obama à la tête de l’événement historique du 11 janvier (bug absolu des conseillers de la Maison blanche). C’est toute l’efficacité hollywoodienne pour faire passer le message : «La France’s got a friend, Charlie’s got a friend» Ou l’Amérique ne vous laissera jamais tomber. Le décor est parfait, dans les murs de cet Hôtel de Ville, symbole de la Libération de Paris dont on vient de fêter l’anniversaire, il y a 70 ans. Rappelons que deux mois plus tôt, les Alliés avaient débarqué en Normandie…

«LE POUVOIR DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION VAINCRA»
Kerry en une journée, ce vendredi, déposera des gerbes devant les lieux des massacres, Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, il rencontrera Hollande et Fabius, et c’est à l’Hôtel de Ville qu’il choisit de parler. En anglais (pour les télés américaines) et en français (pour nous) , mettant au chômage les interprètes. Il parlera de lui, de sa mère sur son vélo pendant la guerre qui lui a appris notre langue, et il parlera des victimes, les unes après les autres, loin du langage diplo, des «éléments de langage» produits par les fonctionnaires.

Kerry avait été le premier à envoyer un message très émouvant, en français déja, le jour même de la tuerie. Le 7 janvier, dans une vidéo, le Secrétaire d’Etat américain disait : «Les journalistes assassinés aujourd’hui sont des martyrs de la liberté.» Et il ajoutait avec conviction (on espère qu’il a raison) : «Aujourd’hui, demain, en France, à travers le monde, le pouvoir de la liberté d’expression vaincra.»

Il est donc revenu à Paris pour continuer ce message très fort qui aurait dû culminer avec son président Obama marchant dans les rues de la capitale. Le célèbre James Taylor, «un ami du Massachusetts» a tenu à accompagner Kerry, ancien sénateur de cet état. A défaut de la Marseillaise qui nous fait dorénavant pleurer d’émotion depuis dix jours, le «You’ve got a friend», chanté d’une voix cassée sous les ors de l’Hôtel de ville de Paris, «que ce soit l’hiver, le printemps ou l’automne appelle-moi et tu sais, où que je sois, je viendrai en courant, oui en courant, et je serai là…» Il est donc là. We’ve got a friend.

Annette

source: http://annette.blogs.liberation.fr/2015/01/16/charlies-got-friend/



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